Engrais






L'application méticuleuse
À laper, la vase, et boire à sa source
Les grands desseins à devenir superbe
Amplifiée, enfin inaccessible aux confusions mordantes
Du labeur beaucoup
Du temps
Du temps
De la pénétration
Dedans
Dehors 
De tout ce qui aurait pu s'en suivre
Mais n'a jamais montré sa dent en or

L'application tendue
Réussir à nager
À contre-courant des esprits corrompus
Aussi, nager au bord dentelé des destins pathétiques
Le creusement des vibrations funestes 
Et les pesticides
Lente putrescence du foin où l'on s'allonge
Recherche aveugle des ferrailles enfouies

L'application bornée
S'améliorer toujours à l'envol
Croire avec un identique enthousiasme
Aux bégaiements du mystère autant qu'aux pluies acides
Bruisser
Murmurer jusqu'à plus soif qu'on ira
Et puis, plus tard
Qu'on y créera une symphonie sans frottement

L'application besogneuse et vaine
Laissant en son sillage l'épuisement des ressources
Et le peu de rendement des récoltes
La peau échauffée sous les désherbants
Le champ de poussière, au fond
L'indigence des terres rouées de clameurs ravalées

L'application de l'invalide, obstinément stérile
Laminant les chances de s'abreuver au puits du sort
Au compte-goutte, les pertes noires, l'usurpation
Cette idylle suspecte
L'arnaque du branle-bas, les volutes, cette idylle suspecte
Sur son sol rasé, l'ombre de sa courbe affinée
Ample, ample
Toujours palpitante





Avril 2012